Holly Goli, contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande «La poussière des souvenirs» de Susanne Abel qu’elle a interviewée. Son roman paraît le 16août 2023 aux Éditions Charleston.
Sa citation préférée:
«En Allemagne, beaucoup pensent […] que les enfants métis bénéficieraient d’un meilleur environnement dans une famille noire.»
Pourquoi ce livre?
- Parce que ce roman parle du Brown baby plan, un pan méconnu de l’après-guerre, ou comment des milliers d’enfants issus des unions entre une allemande et un GI américain étaient arrachés à leur mère et envoyé aux Etats-Unis. A travers certains personnages de cette histoire, nous allons découvrir l’envers de ce décor qui n’est pas toujours reluisant.
- Parce que le roman est construit par une double temporalité. Dans le passé, on suit Greta qui grandit pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’après-guerre. Dans le présent, on a une Greta qui perd ses souvenirs et qui a du mal à communiquer avec son fils Tom, célèbre reporter allemand. Si le récit au passé reste plutôt classique, celui au présent offre une quête et un cheminement, que ce soit pour Greta ou Tom.
- Parce que le roman traite de nombreux sujets d’actualité. Au-delà de l’aspect méconnu historique choisi, le roman parle de l’évolution de l’esprit, de la vieillesse et des maladies qui peuvent pointer et causer des dégâts.
- Parce que si on retrouve Greta dans les deux périodes, son fils Tom est un héros intéressant. En effet, si aux premiers abords on le trouve froid, on va le voir évoluer et tenter de comprendre sa mère et de résoudre le mystère autour d’un secret qu’elle a gardé pour elle durant des années.
- Parce que la plume de Susanne Abel est très agréable. Certes, on a des moments qui ne sont pas toujours faciles à lire, mais elle a su les raconter avec beaucoup de justesse et de pudeur. On s’identifie facilement aux personnages jusqu’à devenir un membre de l’histoire.
Susanne Abel, Comment vous est venue l’idée de ce roman?
Après que l’on a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer à ma mère, elle s’est mise à oublier ce qu’il fallait faire pour vivre au quotidien et a parlé de secrets dont j’ignorais l’existence. Ainsi, je l’ai bien mieux comprise mais j’ai aussi compris à quel point son destin a eu une influence sur les décisions que j’ai prises dans ma vie. C’est pourquoi je voulais traiter le sujet de la transmission émotionnelle de traumatismes. Puis quand des millions de réfugiés sont entrés en Europe en2015, j’ai remarqué le parallèle avec les mauvaises conditions de vie des réfugiés allemands des territoires de l’Est après la Seconde Guerre mondiale et c’est ainsi que j’ai eu l’idée d’allier le passé et le présent dans mon roman.
Quel est votre processus d’écriture? Faites-vous de longues recherches en amont ou laissez-vous l’inspiration venir et écrire au fur et à mesure?
Avant de commencer à écrire, je fais des recherches minutieuses sur les sujets que je souhaite mettre en lumière dans mes histoires. Je dirais même que je suis obsédée par les recherches et je m’y consacre intensément. Lorsque j’écris, je plonge complètement dans ce monde que j’ai découvert à travers mes recherches. Je laisse ensuite toutes les libertés à mes personnages et ils développent des actions que je n’avais pas prévues mais qui sont toujours liées aux faits.
C’est votre premier roman qui a déjà conquis plus de 400.000 lecteurs en Allemagne. Cela a-t-il été un challenge pour vous, en tant scénariste-réalisatrice de films documentaires, de passer à l’écriture d’un roman historique?
Je pense que l’intérêt aux hommes et à tout ce qui fait une vie forment le centre de mon travail. Le sujet du roman n’était pas le challenge, c’était écrire un roman qui en était un. J’ai douté de mes capacités à réussir cela. Les personnages de mon roman me touchent et me bouleversent et tant mieux évidemment si j’ai réussi à transmettre ces émotions aux lecteurs et lectrices.
Pouvez-vous utiliser trois mots pour qualifier «La poussière des souvenirs» et convaincre vos futurs lecteurs?
Je dirais: captivant, plein d’humour et émotionnel. Je trouve que Stern, un des plus grands hebdomadaires allemands, a décrit le roman d’une façon très précise: «Susanne Abel écrit des romans amusants même plein d’humour sur la misère dans laquelle nous sommes tous jetés par la naissance sans que nous ayons le choix. Bravo!»
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Cologne, 2015. Greta a 83 ans et voit de moins en moins Tom, son fils reporter et célèbre. Alors que sa mémoire commence à flancher, elle va se retrouver confronter à un secret qu’elle a gardé en elle si longtemps mais qui pourrait changer le cours de sa vie et celle de Tom.
Les personnages. Tout d’abord Greta qui est visible dans les deux époques. La famille de Greta qui apparaît dans la période du passé: ses parents, ses grands-parents et sa sœur Fine. Dans le présent, on a Tom, son fils ainsi que Sabine et Jenny qui travaillent avec lui.
Les lieux. Le roman se passe essentiellement à Cologne en Allemagne dans le présent mais aussi aux Etats-Unis. Dans le passé, on est dans la Prusse orientale.
L’époque. Le roman se déroule à notre époque: XXe et XXIesiècle.
L’auteur. Susanne Abel est écrivaine et scénariste-réalisatrice de films documentaires. La Poussière des souvenirs, son premier roman, s’est hissé en tête des ventes dès sa parution en Allemagne où il a conquis plus de 200.000 lecteurs.
Ce livre a été lu avec énormément d’émotions! "La poussière des souvenirs" parle d’un pan méconnu de l’après-guerre mais c’est surtout une histoire dans laquelle même si les souvenirs s’effacent, l’amour triomphe, peu importent les obstacles. Un coup de cœur assurément!
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